Sacha & Roxane (1!)

Chapitre : Le pain

Tetruya était un humain avec une histoire extraordinaire… Sa maison était un vrai palace. Il appartenait à la classe de la haute bourgeoisie. Cela dit, le marché des esclaves s’était beaucoup endurci et ils étaient moins nombreux à pouvoir s’offrir un ou deux serviteurs.
— Voici ta chambre, Sacha !
Une fille était déjà là, allongée sur le lit voisin de celui de Sacha. Elle était de taille moyenne, rousse aux cheveux longs, ses yeux étaient gris bleu. Elle avait les membres longs et aucun maquillage. Elle semblait très fatiguée. « Comment ça va ? » lui demanda Sacha.
— Oh un nouveau ! Tetruya m’avait bien dit qu’il allait chercher quelqu’un !
— C’est comment l’ambiance ici ?
— Ça va y a pire… Faut juste bien obéir et enfin, abdiquer, quoi…
Elle lui fit un clin d’œil.
— Tu joues au Yam ? lui demanda elle.
Il accepta.
Quelques minutes plus tard, Tetruya entra dans la chambre sans crier gare.
— Roxane ! Sacha ! Ah ! Vous jouez au Yam ! C’est bien, vous êtes sages ! Je pensais vous surprendre en train de copuler.
Sacha s’enorgueillit : « Avec une mocheté pareille ? »
Roxane le pinça et lui mis un petite tarte « amicale »…
— Bon, Bref !! Je reçois Monseigneur Kadabra dans le salon d’ici deux heures. Il faut que vous astiquiez tout de fond en comble ! Je dois faire très bonne impression, c’est important.
Seigneur Kadabra régnait depuis peu sans partage sur le Culte des Grands Brûlés.
— Monsieur Tetruya il faut vraiment tout astiquer ? fit Sacha suggestivement.
— Alors je vais t’apprendre direct à arrêter ce genre de blague !! Premier et dernier avertissement.
Après avoir terminé le nettoyage du salon in extremis avant l’arrivée du Seigneur Kadabra, Tetruya leur donna à chacun 40€ en liquide. Tout bon travail mérite récompense. Roxane expliqua qu’ils avaient le droit d’aller en ville tous les dimanches. Et que Monsieur Tetruya distribuait souvent des petites coupures pour récompenser le bon travail. Seulement, il fallait attendre toute la semaine pour les dépenser…
Il ne savait pas trop pourquoi, mais c’est à ce moment-là que Sacha eut une grande (et mauvaise) idée. Il alla débarquer dans le salon où son maître recevait Kadabra et lui fit un petit speech comme quoi il était l’esclave idéal, qu’il fallait l’acheter. Tetruya devint rouge de colère et fit une démonstration de correction au ministre du culte.
Après cela, Sacha fut mis au trou. En sous-sol, dans un endroit humide, sombre, terne. Avec des barreaux épais, des rats… Au bout d’un moment, il mangea du rat… Jusqu’à ce que Roxane lui apporte une miche de pain et du fromage. Il était grave content.
Huit jours de cachot plus tard, il déprimait sec… Seule Roxane lui rendait visite tous les deux jours (elle prenait des risques ! ), le reste du temps il essayait de manger des rats… Il n'arrivait pas toujours à les attraper.
Le neuvième jour, Tetruya lui ouvrit les portes. Ce petit séjour en prison lui avait remis les idées en place, maintenant, il parlait en fanfaronnait beaucoup moins.
Il eut enfin l’immense plaisir de se coucher sur un lit moelleux !! Il rebondit un peu dessus et se coucha, s’endormit aussitôt. Quand il se réveilla, Roxane était couchée sur son ventre en travers et le serrait dans ses bras fermement. Il se leva en sursaut, renversant la rouquine au passage, qui tomba du lit et se cogna la tête en s'exclamant.
— Eh espèce de malade ! C’est comme ça qu’on traite une jeune femme ?
— De quoi ?! C’est toi qui m’agresses, moi je voulais dormir simplement !
— T’es qu’un con ! Lui dit-elle.
— Et toi t’es morte de faim !
— N’importe quoi ! Je t’aime bien, moi…
— Eh ben pas moi !
— Pff quel sale con ! Sans moi t’aurais eu que du rat à manger pendant huit jours. P’tit m*…
Sacha pensa à quitter la pièce en claquant la porte, mais il faisait profil bas pour Tetruya.
Sacha : — Eh ben casse-toi !
— Non, TOI, casse-toi ! Tu apportes que des problèmes!
— Quoi ? Non, c’est toi qui te jettes sur moi…
— Bin y en a plein qui auraient aimé être à ta place !! A moins que tu ne sois…
Simone, la femme de Tetruya les interrompit, tout comme son mari, sans frapper ni prévenir. C’était une femme d’au moins quarante ans et déjà quelques cheveux gris. Une coiffure élaborée et rassemblée, de taille moyenne, les yeux bleus, les formes qu’il faut, le porté digne, le regard vertueux.
« Vous savez les jeunes… » dit-elle… « On a caché des caméras un peu partout dans la chambre… » « Roxane, Sacha est gay, vraiment gay, pas bisexuel. Ne t’acharne pas… Quant à Toi, Sacha, la moindre des choses serait d’être un peu plus reconnaissant, Roxane a été punie parce qu'elle t'a aidé… Tu croyais que ça nous avait échappé ? Non… Alors la prochaine fois c’est Monsieur Tetruya qui viendra vous faire la leçon et ça fera bien plus mal. Donc calmez-vous tous les deux. »
— Oui madame !!
— Entendu madame !
Quand elle fut partie, désormais, Sacha et Roxane faisaient attention à tout ce qu’ils se disaient, se sachant maintenant observés…
— Merci pour le pain et le fromage… Désolé que tu aies été punie à cause de moi…
— Excuse moi de m’être allongée sur Toi… Je pensais que ça te ferait plaisir…
C’est ainsi que tout rentrait dans l’ordre…

Chapitre : Toutes les bonnes histoires…

Dans toutes les bonnes histoires, il y a une rouquine. Et c'en est une.
Roxane n'était pas supposée exister… Elle était le fruit d'une couche involontaire… Aussi, dans les années 2050, l'esclavage, qui était redevenu monnaie courante sur Tiladropa, offrit à ses parents une porte de sortie.
Durant son enfance, Roxane râpa beaucoup de patates, et pas beaucoup de paroles de rap. Elle bossa à la cuisine écaillait les œufs… Mais vers les 16ans, cela n'était plus assez rentable ! Vous connaissez la chanson de Police ? Eh bien Roxane s'est mise dans la lumière rouge…
Et alors elle avait atterri chez Tetruya, un moindre mal…
Quand elle avait vu Sacha, elle l'avait tout de suite trouvé mignon.
Et bien que Simone lui ait assuré qu'il ne mangeait pas de ce pain, elle espérait que l'appétit viendrait avec le temps… Les habitudes d'une ancienne prostituée, qui oscillait entre le faire pour le plaisir ou pour l'argent… Seulement, la zone était bardée de caméras.
Monsieur Tetruya avait dit à Jenar qu'il prenait Sacha pour tâches ménagères et plaisir si affinité.
Cela dit, Tetruya n'arrivait jamais à encadrer Sacha !! Il n'attendait plus qu'une excuse pour le rendre à Jenar, voire pire... Pourtant, le petit homme faisait sa part de travail.
Faute de pouvoir aimer Sacha sous un plan physique, Roxane le prit en affection.
Tetruya rendit visite aux "tourtereaux" dans la chambre des serviteurs.
— Qu'est-ce que vous voulez patron ?
— Oh, rien, juste jouer aux Yam.
— OK.
— Et on va miser…
Sacha regarda l'horloge "Oh mon Dieu il est 10h47 !!"
—Et alors ?
— 47 ! 47 ! C'est le chiffre magique ! C'est horrible on est tous en danger !
Sacha se mangea un coup de pied de la part d'un Tetruya qui n'en croyait pas une miette.
Suivi d'une… Appelons un chat un chat… Une rasade… Il allait le tuer… Et en plus, il en avait le droit légalement. Donc il allait sûrement le faire.
Les yeux de son amie Roxane coulaient. Elle tâcha de s'interposer, se prit, elle aussi, quelques coups, mais Rox était costaude. Elle réussit brièvement à repousser son maître et enchaîna direct, efficace, en l'enlaçant et en posant ses lèvres sur les siennes. Ce n'était pas la première fois… Alors, si ça pouvait marcher pour sauver son pote… Tetruya se calma petit à petit et se raidit, la rousse passait la main sous sa chemise, en vieille habituée, elle savait comme faire grimper la tension tout en restant à sa place.
Tetruya prit Roxane par la main elle la conduisit dans son bureau, plus discret… Encore une fois, Roxane avait sauvé Sacha.
Ce dernier se roula en boule sur le lit, il entendait les bruits d'un meuble qui branle, le rauquement de la voix rude de son maître, et les gémissements, peut-être simulés, de sa nouvelle amie.
Bien sûr, ils avaient eu plusieurs semaines pour discuter. Ils se connaissaient. Sacha se sentait bête, inutile… C'est alors qu'il eut l'idée, imprudent, pendant que celle-ci était "occupée", de fouiller dans le tiroir secret de Rox.
Il trouva un petit paquet scellé et l'ouvrit.
Un petit mot : "Do it the Fauyeur's style" accompagné d'une fourchette en fer.
L'esclave sourit.
Quand Roxane revint dans la salle des serviteurs, elle était toute décoiffée et couverte de sueur, sa bretelle de soutien-gorge rose était mal remise. Sacha se dit qu'elle était belle, mais il la regardait comme un végétarien regarde un steak. Pas pour lui.
Sacha apprit que le "Fauyeur style" référait à une affaire ayant eu lieu il y a très longtemps, 50 ans… Elle ne voulut pas dire comment elle était au courant… Mais Uriane Fauyeur s'était servie du même ustensile pour tuer son oppresseur…

Chapitre : Fauyeur’s Style

— Je suis désemparé que tu doives remettre sur le tapis tes charmes chaque fois que Tetruya essaye de me dérouiller…
— Ce n'est pas un problème…
— Pour moi, si. Je sers à quoi, moi?
— Tu passes le balai autant que moi…
Sacha lui mit une main sur l'épaule, puis une accolade.
— Qui est Fauyeur?
— C'était une jeune fille dans les années 2000 qui s'était défendue avec une simple fourchette. Elle a eu un avenir prestigieux.
— Elle a tué à l'aide d'une banale fourchette?
— Oui.
— Tu crois qu’on pourrait faire de même?
— C'est risqué…
— Bon… fit Sacha — J'ai pris ma décision en ce qui me concerne, demain matin, alors qu'il sera fatigué, on fait Le Fauyeur Style. Si ça rate, hara kiri !
— D'accord…
— C'est donc peut-être notre dernière nuit sur cette planète.
— Quelle peau de vache, cette planète, alors ! Est-ce que tu me serrerais dans tes bras ? J'en ai besoin…
— Oui…
— Bon alors raconte-moi ta vie puisque tout est peut-être sur le point de se finir…
— RAS ! Fille de p*, esclave, tapin, la grosse loose, quoi… Et toi?
— Herboriste, alchimiste, pédé comme un phoque, joueur, très, dettes de casino, nouveau sur le marché de l'esclavage.
— Qui tiendra la fourchette?
— Ce sera moi. Tu as suffisamment donné de toi… Et puis si je me rate, il y a plus de chance pour qu'il t'épargne.
— C'est si dommage que tu sois gay!
— Oh ça va ! Ça fait 23 jours que tu me le répètes tous les jours… Tu crois que ça va changer à force ou quoi ?
Sacha souleva la couette et laissa passer la rouquine, toute contente, qui le prit tout contre elle, elle s'endormit, la tête sur son épaule.
Dormant jusqu'au matin…
— Allez ! Debout, mauvaises graines !! J'ai besoin que vous me dégagiez toutes les feuilles mortes du jardin. Sacha ? Roxane? J'ai dit debout!
Tetruya s'approcha du lit où ils étaient tous deux cachés par un drap, lorsqu'il le souleva, l'herboriste lui sauta dessus et réussit à faire un Fauyeur Style.
Tetruya s'étrangla, recula, tituba… S'effondra…
— Vous n'êtes que du bétail…
Roxane prit le sac qu'elle avait préparé, tout ce qu'elle pouvait trouver utile, des sacs, des clefs, de l'argent, des métaux précieux…
— Et Simone, qu'est-ce qu'on en fait?
— On s'en branle de Simone ! Elle ne nous a jamais fait aucun mal. Je pense même qu'elle sera contente de retrouver le cadavre de ce gros bourgeois.