Anna & Kimley —

Chapitre 1
2052

— 14€ et 16 centimes, Madame.
Anna compta les pièces de son portemonnaie et les posa sur le caisse. Il y avait 14€ et 15 centimes. Gênée mais bonne joueuse, elle dit :
— Oups il me manque un centime ! J’espère que ce n’est pas grave.
Le caissier la dévisagea d’air air très fermé.
— Désolé madame, la maison ne fait pas crédit.
Anna posa son poing sur la caisse.
— Vous déconnez ? C’est une blague ? Pour un centime ?
— Désolé on ne sert pas les gens comme vous d’habitude, pour tout vous dire.
— Quoi ?! Délit de faciès maintenant ? Vous savez quoi ? Allez vous faire…
Et Anna partit sans payer.
L’homme de la sécurité lui cola au train, mais elle était bonne sprinteuse.

Chapitre 3
2053

Assis au bar « Le Nyctalope », Anna buvait des pintes avec la nouvelle recrue, Kimley. Faut dire qu’elle avait de quoi être triste. Cette bourrique de Kimley avait descendu sa go juste sous ses yeux…. Elle voulait à la fois lui ouvrir la gorge et le prendre dans ses bras. Elle le haïssait autant qu’il lui plaisait. Des petits stratagèmes. Rembourser la « dette » envers Sacha. Voulait-elle en faire son plan Cul ? Ou l’éviscérer ? Pour sûr il aurait à passer un genre de « Test » elle n’était pas prête à l’intégrer dans le Clan « Liberté » tout de suite…
La mort de sa bien-aimée était un choc. Mais mystérieusement, le destin lui avait fourni un nouveau compagnon. Un benêt, qui ne savait pas réfléchir, fonçait tête baissée. Il aurait tué la Reine d’Angleterre si son père, l’horrible Hector, le lui avait demandé.
Puis tout à coup à la grande surprise d’Anna ce fût Kimley qui fondit en larmes « je suis fatigué d’être fort » dit-il…
Finalement, Anna l’enlaça et murmura à son oreille. Ses sentiments étaient tellement partagés… Mais elle ne pouvait pas fermé les yeux sur la souffrance… Qui plus est celle d’un garçon qui lui plaisait…
— On va traverser ça ensemble, gros benêt.
Dans le fond, même s’il avait tué sa chérie, Kimley était comme un tronc, cherchant sa tête pensante pour lui dire où aller, qui tuer, qui encenser et qui blesser…
Anna lui prit la main. Peut-être voudrait-elle bien de Lui. Peut-être.

Chapitre 4
2030

C’était dans la Villa Espagnole, coupé de tout, en autarcie. Papa Toro Reyes se tenait assis devant le feu de cheminée avec Anna Junior. Sa mère, Uriane, avait décidée de prendre un long bain comme elle aimait le faire. Les différentes attaques avec ou contre les deux grand Cultes avait créé pas mal de chaos. Anna Junior était auprès de ce feu de cheminée avec son père, a peler des marrons.
— Comment fait-on, pour traverser toute cette peine ?
Demanda Anna Junior à son père qui était plutôt sage en son genre.
— Eh bien ton père va te dire, petite Anna, il faut… Il faut beaucoup d’amour. C’est le seul remède. Je te parle pas de l’amour sexuel. Ça, on ne peut pas le partager avec tout le monde, j’en ai bien conscience. Je te parle d’un sentiment diffus de bienveillance et de tolérance. J’ai bien conscience que ces valeurs seront remises en question dans le grand tumulte de ta vie mais je veux ma chérie que quoi qu’il arrive tu restes positive. Mon cœur même s’il y a 1% de chance que ça le fasse je veux que tu te concentre sur le 1% et surtout pas les 99% Tu feras ça pour moi chérie ? Même quand je serais passé de l’autre côté ?
Ce qui était drôle c’est qu’Anna suivait plutôt sa mère, Uriane, comme guide aveugle. Mais ce soir, son père avait une fulgurance… Elle ne peut que lui faire cette promesse et même si elle était incomprise de la plupart des gens, elle, elle savait ce qu’elle faisait et c’était ça qui comptait au final. La vie, c’est une affaire personnelle.
— Sois forte, ma fille.
Et il l’embrassa sur le front.
— Eh Papa mange pas tous les marrons !
Fit Anna Junior en riant.
— Ne t’inquiète pas. Je vais en re faire chauffer. Je t’offrirais tous les marrons du monde si tu veux, mon cœur.
Uriane arriva dans le salon une serviette cachant sa nudité.
— Qu’est-ce que j’ai raté ? fit-elle avec sa bouche de crapaud.
— Notre fille grandit …
— Si tu le dis… Fit Uriane. Et elle croqua dans un marron.

Chapitre 5
2053

Kimley pleurait contre la poitrine d’Anna. L’avait-il fait exprès de blottir sa tête à un endroit si intime ? Comme c’était étrange ! Kimley, d’un des familles les plus fortunées de France… Endurci par son service militaire et les bêtises qu’il faisait pour plaire à Hector et Drana, ses parents.
— P… Pourquoi tu es gentille avec moi … Anna ? J’ai quand même fumé ta go, Asaliah.
— Parce que… Mon Père m’a toujours dit de voir le bon côté des choses. Tu… Tu me jure que tu profites pas de la situation pour te rouler sur ma poitrine ?
— Chépa… Tu serais fâchée si c’était le cas ?
Anna fut envahie d’une grande chaleur. Cette homme, à la fois malfaisant et séduisant, la titillait au plus haut point.
— Tu sais… J’suis con mais pas le dernier des cons quand même… J’vois bien comme tu me regarde. Tu vois pas que…
Anna posa un doigt sur sa bouche pour le faire taire. Elle le regarda quelques secondes dans le bleu de ses yeux et lui fit un smack très rapide. Kimley sourit, Anna gloussa. Elle le prit par la main et l’entraînait à l’étage du Nyctalope, où elle avait sa chambre solo (Puisque RIP Asaliah !) dédiée.
En fait, tout alla très vite, braguette désipé, occupé à la copulation au point d’oublier d’en enlever chaque vêtements. Puis une bonne cigarette après la bagatelle.
— Pourquoi, Anna ?
— Je vois la partie bonne en Toi… C’est ce… Que je suis. Je ne peux pas être autrement.
Kimley fit courir ses doigts sur la poitrine de la jeune Anna.
— Mais p* Kimley ! Tu dois avoir des phéromones ou quelque chose du genre parce que même si t’es un salop, tu me plais de ouf.
Le fils d’Hector eut un sourire sincère et ils s’embrassèrent encore.
C’est alors que Greyback entra de façon très impolie dans la chambre.
— Cet endroit est un p* de baisodrome, Anna.
La réaction gêné du nouveau couple en disait long.
Il y a une chance… Seulement une chance… Ils auraient un avenir radieux ensemble… Mais ça, la vie… Y’a pas de certitude.

Chapitre 7
2053
Les muscles saillants des bras fins mais forts de Greyback (aussi appelée Isabelle Dofi, de son nom « officiel »). Bref, ses bras costauds soulevaient tambour battant les pelletés de Terre qui servaient à boucher le trou de la tombe d’Asaliah (D’ailleurs on a jamais su son nom de famille)… Tout le clan Liberté était Là, y compris Kimley « en phase de… », malgré qu’il soit le meurtrier. Bien sûr, il se sentait terriblement mal. Greyback demanda :
— Qui veut prendre la parole ? Anna peut-être ?
La concernée épongea son front en sueur et s’avança pour se mettre en évidence afin de parler. Elle avait les bras sérés sur sa poitrine, signe indubitable qu’elle était encore stressée… Je crois que coucher avec Kimley, bien qu’il soit l’auteur de cet acte odieux, lui avait permit de tenir le coup.
— Clan Liberté… Asaliah a été la première femme que j’ai rencontrée en partant à l’aventure. Et c’était son cas aussi. Alors vous vous imaginez que je suis dévastée … Et c’est un peu vrai… La mort, c’est jamais facile. Cela dit je tenais à « rassurer » certains de mes fans, Asaliah et moi, oui, on était ensembles, mais on a pas passés plus de trois nuits toute les deux…
La Demi-Drow s’essuya encore et quitta le point de surplomb immédiatement.
Kimley en apprenant les détails, se sentit légèrement mieux, mais toujours aussi coupable.

Chapitre 9
2052
2052, Anna Reyes s’était échappée de chez ses parents (en les prévenant, quand même !) pour se lancer « A l’Aventure », comme elle dit.
Elle se voyait comme une aventurière. Transversant une Forêt, ce qu’elle n’avait jamais fait auparavant, elle ne comprit pas toutes les petites choses de la nature. Qu’est ce que ce bruit ?! Un loup ? Oh ! Ce n’était qu’un Hibou…
— Oh attendez ! Je vais vous aider à ramasser…
Anna Reyes avait percuté de plein fouet la jeune fille qui passait par là sans rien demander. Répandant au sol le contenu de son sac en carton léger, genre acheté dans les supermarchés des années 2020.
Des pommes.
Des pommes Royal Gala avec une peau rouge vert, un peu acides et de taille moyenne, mais pour sûr bien nourrissante…
La fille de la collision avait des oreilles pointues. Une peau blanche.
— Vous vous… Vous êtes un elfe ? ! Je me présente, je m’appelle Anna Junior, j’ai moi-même un quart de sang elfique.
Anna scruta la nouvelle venue. Elle faisait sa taille, on aurait dit un lévrier humain… Ses cheveux blancs soigneusement attachés, un sourire inédit, de belles dents, des tenues qui la couvraient presque intégralement mais très légères. Il n’y avait rien de spécial à dire tellement elle était parfaite. Son regard perçant était jaune/doré.
La discussion s’amorça à partir de rien et Anna comprit que son interlocutrice n’était pas une Drow, mais bel et bien une Elfe de la forêt…
Race supposée être éteinte !! Ayant évolué vers ce qu’on appelle l’Humanité.
La fille, répondant au doux nom d'Asaliah, vendait donc des pommes. Étrangement, elle se confia totalement et immédiatement. Ainsi, Anna se rendit compte qu’elle avait échappé à la purge en se cachant dans une maison dans la forêt à l’aide de charmes, sa mère, unique compagnie, étant une sorcière. Mais celle-ci étant morte de vieillesse récemment, elle partit dans l’espoir de se faire des amis.
Anna était le tout premier être humanoïde à croiser sa route.
L’elfe regarda la femme qui venait de la percuter. Elle avait des longs cheveux noirs, plus longs que les siens. Sa peau était un quart métissé comme elle l’avait affirmé. Elle avait des yeux bleus, le sourire et le menton de celles qui s’expriment beaucoup par le langage corporel.
— C’est drôle. Souligna Anna. Vos seins font la taille de vos pommes. Et puis vous êtes trognon…
— Oh s’il te plaît, achète-moi une pomme, Anna ! S’abandonna Asaliah.
— Bien ! Allons-y ! Combien ça coûte ?
— Euh... ? Je ne sais pas ? Cent euros ? Je n'en n’ai encore jamais vendu…
Anna explosa de rire.
— C’est cent fois trop ! Mais bon je suis une Reyes, voilà un peu d’argent ! Garde ta pomme.
Reyes lui graissa la patte avec un paquet de billets de cinquante, généreuse.
— Mais… Anna… Mais… S’il te plaît… Il faut que tu les goûtes !! J’ai planté l’arbre moi-même, je l’ai arrosé avec amour, je les ai cueillies délicatement.
Anna s’empara d'un geste fort d’une pomme et croqua dedans.
— Savoureux ! Donc tu es Asaliah, la petite vendeuse de pommes ?
— Ouais ! C’est ça ! Dit-elle fièrement.
— Je peux te poser une question ?
— Bien sûr !
— Est-ce que tu veux faire un bout de chemin avec moi ? !
— Bien sûr !
— Super ! Mais arrête de dire « Bien sûr ! » à toutes les sauces.
— Bien sûr !... Euh… Pardon !.... Cool !
— Tu sais, c’est surtout ma mère qui savait bien raconter les histoires, jusqu’à la fin de mon enfance, j’en étais gaga.
L’elfe l’encouragea à continuer avec des mimiques, arguant qu’elle pouvait tout lui dire.
— D’accord, bon, je vais faire de mon mieux pour rendre cette narration palpitante. Donc, je ne suis pas une tragique orpheline, contrairement à maman. Je n’ai ni frère ni sœur, ni ami… Je suis née en Espagne de deux parents Français. Mon père vient d’une famille très riche, nous n’avons jamais connu le moindre problème d’argent. Dans la famille tout est très simple. Elle se contente de peu. Moi je pense qu’il vaut mieux entreprendre et se tromper, que de ne rien entreprendre.
— Ta mère ?
— Uriane Fauyeur, qui épousa Toro Reyes il y a trente ans de cela.
— Oh ! Et « Anna » ça vient d’où ?
— C’était le nom de ma tante, décédée peu de temps avant ma naissance…
— Et ta mère racontait des histoires ?
S'intéressait toujours plus Asaliah.
— Elle le faisait très bien. Surtout aux Déca Noël… Quand j’étais petite, j’en redemandais sans arrêt !
— Ah d’accord ! Moi aussi maman me racontait beaucoup de récits elfiques… De très vieux récits…
Asaliah posa la main sur sa jambe et sourit.
— Tu n’es pas une orpheline, mais moi si. On devrait profiter de la chance que tu as et passer du temps avec tes parents…
— Quelquefois il faut changer d’air… J’ai l’impression, tu vois, d’avoir déjà vécu ceci. Je suis la fille cool mais complexée qui part en quête de reconnaissance. Et tu es la fille magique qui me pousse sur le chemin du début.
Asaliah eut un petit rire et lui demanda son âge. Elle avait 30 ans, l’elfe, … 300. Forcément, elle dominait cette conversation.
— Imagine que nous brisions ces codes !! Que tu ne sois plus la fille cool mais complexée, et que je ne sois plus juste celle qui donne juste un coup de pouce.
— Euh… Ouais…
— Bon alors dis-moi ce qu’il te reste de cette histoire de « déjà-vu » afin que l’on puisse changer les choses.
— D’accord… Eh bien euh, d’un, tu étais très belle. De deux, assez rapidement, j’avais envie de toi, on se baignait dans une cascade, on cherchait à manger dans la forêt, on ne concluait pas mais c’était tendu. Puis on arrivait dans la ville où je voulais me faire un nom… Je ne sais pas laquelle…
Asaliah souriait, lui dit qu’elles étaient très belles toutes les deux et que c’était normal qu’il y ait un peu d’envie. Quant à la cascade et les mets, c’étaient des passages obligés pour traverser une forêt si l’on voulait rester propre et vivant…
— Donc si je comprends bien, la seule chose qui t’a manqué, dans ta première histoire c’était de « conclure » comme tu dis ?
— Ouais mais là… Je n’en ai pas envie…
— Parce que ?
— Parce que c’est trop facile…
L’orpheline répéta son rire cristallin et sincère.
Anna lui dit :
— Je ne sais pas si tu as vu le film « Bohemian Rhapsody » mais vers la fin, le chanteur tombe amoureux d’un gars ordinaire, et celui-ci se barre en ne lui laissant que son nom et prénom, sa ville. Ce qui à New York, est susceptible d’être beaucoup de monde. Eh bien là c’est une belle histoire, là c’est mérité.
— Alors qu’une elfe qui s’ouvre facilement à toi ça n’a rien de charmant à côté, je commence à comprendre…
— Anna, nos chemins se séparent-ils là ?
La Quart de Drow écrivit des chiffres sur un papier et lui faussa compagnie avant de donner la moindre chance aux regrets.

Chapitre 20
Qui sait ce qu’il se passe lorsque nous devons nous en aller… Revenons nous sous une forme nouvelle ? Avons-nous notre mot à dire au moment de la réincarnation ? Probablement pas, si Kimley avait dû négocier son prochain passage sur Terre, il n’aurait jamais validé ça.
Oh ce n’est pas sa mère qui est en cause. Elle, la pauvre, est partie en vacances il y a longtemps… Elle n’est pas revenue…
Dans les années 2020 c’était le grand boum des Cultes Religieux. Il y en avait deux trois qui prenaient de la place, Les Grands Brûlés, Les Crucifiés, et le Royaume Pergrisé en UK…
Le temps passant, le lobby de L’Esclavage et de l’Hybridation prit de plus en plus de place jusqu’à évincer les cultes, qui s’était effondré faute de vrai Leader, après la mort d’Hector et la désobéissance de Toro. Michael faisait un piètre Leader (Crucifiés) et Kadabra (Brûlés) n’était pas tout à fait à la hauteur. Les sœurs Pergrisé dilapidaient tout en bonne œuvres…
Kimley regardait un portrait, on voyait sa mère, dont il savait si peu de choses… Elle était belle… Son père, Hector, assassiné par Candice, une amie de Michael, et à plus largement parlé des Pergrisé et des Fauyeur.
Le pire pour Kimley, c’était sa belle-mère, Drana, une vampire abominable, qui allait souvent le punir et sucer son sang de manière… Pas agréable.
Voilà ce que à quoi Kimley échappa en rejoignant le Clan Liberté, menée par la fille de Toro Reyes, Anna Reyes.
C’était pourtant très mal parti… Il avait flingué Asaliah mais pour ça il avait une excuse, il était manipulé mentalement par Drana… On le mit à l’épreuve avant de l’accepter. Maintenant, sa vie était plus belle.