Asaliah, Le Sacrifice

Chapitre 7
2053
Les muscles saillants des bras fins mais forts de Greyback (aussi appelée Isabelle Dofi, de son nom « officiel »). Bref, ses bras costauds soulevaient tambour battant les pelletés de Terre qui servaient à boucher le trou de la tombe d’Asaliah (D’ailleurs on a jamais su son nom de famille)… Tout le clan Liberté était Là, y compris Kimley « en phase de… », malgré qu’il soit le meurtrier. Bien sûr, il se sentait terriblement mal. Greyback demanda :
— Qui veut prendre la parole ? Anna peut-être ?
La concernée épongea son front en sueur et s’avança pour se mettre en évidence afin de parler. Elle avait les bras sérés sur sa poitrine, signe indubitable qu’elle était encore stressée… Je crois que coucher avec Kimley, bien qu’il soit l’auteur de cet acte odieux, lui avait permit de tenir le coup.
— Clan Liberté… Asaliah a été la première femme que j’ai rencontrée en partant à l’aventure. Et c’était son cas aussi. Alors vous vous imaginez que je suis dévastée … Et c’est un peu vrai… La mort, c’est jamais facile. Cela dit je tenais à « rassurer » certains de mes fans, Asaliah et moi, oui, on était ensembles, mais on a pas passés plus de trois nuits toute les deux…
La Demi-Drow s’essuya encore et quitta le point de surplomb immédiatement.
Kimley en apprenant les détails, se sentit légèrement mieux, mais toujours aussi coupable.

Chapitre 9
2052
2052, Anna Reyes s’était échappée de chez ses parents (en les prévenant, quand même !) pour se lancer « A l’Aventure », comme elle dit.
Elle se voyait comme une aventurière. Transversant une Forêt, ce qu’elle n’avait jamais fait auparavant, elle ne comprit pas toutes les petites choses de la nature. Qu’est ce que ce bruit ?! Un loup ? Oh ! Ce n’était qu’un Hibou…
— Oh attendez ! Je vais vous aider à ramasser…
Anna Reyes avait percuté de plein fouet la jeune fille qui passait par là sans rien demander. Répandant au sol le contenu de son sac en carton léger, genre acheté dans les supermarchés des années 2020.
Des pommes.
Des pommes Royal Gala avec une peau rouge vert, un peu acides et de taille moyenne, mais pour sûr bien nourrissante…
La fille de la collision avait des oreilles pointues. Une peau blanche.
— Vous vous… Vous êtes un elfe ? ! Je me présente, je m’appelle Anna Junior, j’ai moi-même un quart de sang elfique.
Anna scruta la nouvelle venue. Elle faisait sa taille, on aurait dit un lévrier humain… Ses cheveux blancs soigneusement attachés, un sourire inédit, de belles dents, des tenues qui la couvraient presque intégralement mais très légères. Il n’y avait rien de spécial à dire tellement elle était parfaite. Son regard perçant était jaune/doré.
La discussion s’amorça à partir de rien et Anna comprit que son interlocutrice n’était pas une Drow, mais bel et bien une Elfe de la forêt…
Race supposée être éteinte !! Ayant évolué vers ce qu’on appelle l’Humanité.
La fille, répondant au doux nom d'Asaliah, vendait donc des pommes. Étrangement, elle se confia totalement et immédiatement. Ainsi, Anna se rendit compte qu’elle avait échappé à la purge en se cachant dans une maison dans la forêt à l’aide de charmes, sa mère, unique compagnie, étant une sorcière. Mais celle-ci étant morte de vieillesse récemment, elle partit dans l’espoir de se faire des amis.
Anna était le tout premier être humanoïde à croiser sa route.
L’elfe regarda la femme qui venait de la percuter. Elle avait des longs cheveux noirs, plus longs que les siens. Sa peau était un quart métissé comme elle l’avait affirmé. Elle avait des yeux bleus, le sourire et le menton de celles qui s’expriment beaucoup par le langage corporel.
— C’est drôle. Souligna Anna. Vos seins font la taille de vos pommes. Et puis vous êtes trognon…
— Oh s’il te plaît, achète-moi une pomme, Anna ! S’abandonna Asaliah.
— Bien ! Allons-y ! Combien ça coûte ?
— Euh... ? Je ne sais pas ? Cent euros ? Je n'en n’ai encore jamais vendu…
Anna explosa de rire.
— C’est cent fois trop ! Mais bon je suis une Reyes, voilà un peu d’argent ! Garde ta pomme.
Reyes lui graissa la patte avec un paquet de billets de cinquante, généreuse.
— Mais… Anna… Mais… S’il te plaît… Il faut que tu les goûtes !! J’ai planté l’arbre moi-même, je l’ai arrosé avec amour, je les ai cueillies délicatement.
Anna s’empara d'un geste fort d’une pomme et croqua dedans.
— Savoureux ! Donc tu es Asaliah, la petite vendeuse de pommes ?
— Ouais ! C’est ça ! Dit-elle fièrement.
— Je peux te poser une question ?
— Bien sûr !
— Est-ce que tu veux faire un bout de chemin avec moi ? !
— Bien sûr !
— Super ! Mais arrête de dire « Bien sûr ! » à toutes les sauces.
— Bien sûr !... Euh… Pardon !.... Cool !
— Tu sais, c’est surtout ma mère qui savait bien raconter les histoires, jusqu’à la fin de mon enfance, j’en étais gaga.
L’elfe l’encouragea à continuer avec des mimiques, arguant qu’elle pouvait tout lui dire.
— D’accord, bon, je vais faire de mon mieux pour rendre cette narration palpitante. Donc, je ne suis pas une tragique orpheline, contrairement à maman. Je n’ai ni frère ni sœur, ni ami… Je suis née en Espagne de deux parents Français. Mon père vient d’une famille très riche, nous n’avons jamais connu le moindre problème d’argent. Dans la famille tout est très simple. Elle se contente de peu. Moi je pense qu’il vaut mieux entreprendre et se tromper, que de ne rien entreprendre.
— Ta mère ?
— Uriane Fauyeur, qui épousa Toro Reyes il y a trente ans de cela.
— Oh ! Et « Anna » ça vient d’où ?
— C’était le nom de ma tante, décédée peu de temps avant ma naissance…
— Et ta mère racontait des histoires ?
S'intéressait toujours plus Asaliah.
— Elle le faisait très bien. Surtout aux Déca Noël… Quand j’étais petite, j’en redemandais sans arrêt !
— Ah d’accord ! Moi aussi maman me racontait beaucoup de récits elfiques… De très vieux récits…
Asaliah posa la main sur sa jambe et sourit.
— Tu n’es pas une orpheline, mais moi si. On devrait profiter de la chance que tu as et passer du temps avec tes parents…
— Quelquefois il faut changer d’air… J’ai l’impression, tu vois, d’avoir déjà vécu ceci. Je suis la fille cool mais complexée qui part en quête de reconnaissance. Et tu es la fille magique qui me pousse sur le chemin du début.
Asaliah eut un petit rire et lui demanda son âge. Elle avait 30 ans, l’elfe, … 300. Forcément, elle dominait cette conversation.
— Imagine que nous brisions ces codes !! Que tu ne sois plus la fille cool mais complexée, et que je ne sois plus juste celle qui donne juste un coup de pouce.
— Euh… Ouais…
— Bon alors dis-moi ce qu’il te reste de cette histoire de « déjà-vu » afin que l’on puisse changer les choses.
— D’accord… Eh bien euh, d’un, tu étais très belle. De deux, assez rapidement, j’avais envie de toi, on se baignait dans une cascade, on cherchait à manger dans la forêt, on ne concluait pas mais c’était tendu. Puis on arrivait dans la ville où je voulais me faire un nom… Je ne sais pas laquelle…
Asaliah souriait, lui dit qu’elles étaient très belles toutes les deux et que c’était normal qu’il y ait un peu d’envie. Quant à la cascade et les mets, c’étaient des passages obligés pour traverser une forêt si l’on voulait rester propre et vivant…
— Donc si je comprends bien, la seule chose qui t’a manqué, dans ta première histoire c’était de « conclure » comme tu dis ?
— Ouais mais là… Je n’en ai pas envie…
— Parce que ?
— Parce que c’est trop facile…
L’orpheline répéta son rire cristallin et sincère.
Anna lui dit :
— Je ne sais pas si tu as vu le film « Bohemian Rhapsody » mais vers la fin, le chanteur tombe amoureux d’un gars ordinaire, et celui-ci se barre en ne lui laissant que son nom et prénom, sa ville. Ce qui à New York, est susceptible d’être beaucoup de monde. Eh bien là c’est une belle histoire, là c’est mérité.
— Alors qu’une elfe qui s’ouvre facilement à toi ça n’a rien de charmant à côté, je commence à comprendre…
— Anna, nos chemins se séparent-ils là ?
La Quart de Drow écrivit des chiffres sur un papier et lui faussa compagnie avant de donner la moindre chance aux regrets.